Poudre (ou la Poudre)

Voici l'histoire de Poudre, sage druide de la Forêt du Nord, telle que nous l'on retransmise les Ents...

Poudre n'a jamais été, à vrai dire, un amoureux de Dame Nature. Natif de la haute noblesse de WindHowl, il reçut un éducation convenable, et il apprit les sciences et les Sept Arts de ses nombreux maîtres. Ses vingt premières années défilèrent ainsi, dans une douce quiétude, agitées de temps en temps par des tournois et de bals somptueux. Cependant, il ressentait un certain trouble dans son existence....ou plutôt un manque. Oui, ces décadences que l'on appelait fêtes l'ennuyaient, il aspirait à une vie moins frivole et aisée. Curieuse réaction de la part d'un homme de condition.....peut-être l'appel de la Dame se faisait-il déjà ressentir, après tout ? Toujours est-il que c'est par une belle journée de chasse que lui apparut la chose la plus singulière qu'il n'ait jamais vu. Accompagné d'une escouade composée de ses hommes les plus fidèles, il arpentait un bois inconnu en quête de gibier.

La chasse n'avait jamais été son fort : maladroit à l'arc, il se sentait plus à l'aise avec un grimoire qu'avec une lance, et par dessus le marché, il n'avait jamais réussi à tuer une bête. Cependant, la chasse était une obligation due à son rang, et il fallait se résigner à rapporter au bourgmestre quelques peaux d'antilopes. C'est que le jeune Poudre était versé dans l'art de la magie, il préférait l'usage de l'esprit à celui de la matière. Il passait ainsi des heures à s'abreuver de connaissances à la maison des mages de WindHowl, car son désir d'atteindre la Sagesse était ardent.

Mais ce jour-là, décidé de monter à tous qu'il serait capable de ramener du gibier, il se mit à suivre - sur un coup de tête idiot et indigne d'un sage ! - une antilope, et, bien sûr, il ne l'attrapa jamais. Insensé ! Isolé du groupe, il pesta de sa folie et tenta de recouvrer ses esprits. Alors Elle lui apparut. Il se trouvait près d'une clairière, et elle en profita pour se révéler. La Dame, car c'était elle, aussi appelée Titania, sortit de l'étang. Tout d'abord, l'on eut cru voir une fine brume, presque irréelle, qui s'élevait comme une fumée mystique au dessus du sol. Puis une forme féminine émergea de la colonne brumeuse pour se montrer. A la vue de cette apparition surnaturelle, Poudre tressaillit. "Ne crains rien, mortel. Tu as été choisi." Le jeune mage ne put parler, tant il était hébété.

"Ecoute moi, jeune Poudre. Le monde vit sous le joug d'une menace. D'une terrible menace. Et seule la Nature pourra sauver l'humanité". "Je t'ai choisi", reprit-elle, "pour ton aptitude à maîtriser la magie. A partir de maintenant, tu seras druide, tu renieras Syl, et tu serviras ma cause. Je sais que tu ne peux refuser. Toute ta vie tu as attendu mon appel, tu exècres trop ta vie vaine et futile pour oser m'abandonner". Ce faisant, elle lui adressa un sourire doux et réconfortant qui enivra le nouveau druide : il ne pouvait refuser. De toute façon, l'opportunité était trop belle. Il acquiesça d'un signe de la tête. "Voilà quelques instructions. Au nord-est d'Arakas, se trouve un cercle d'initiés, un stonehenge. Là-bas tu rencontreras un esprit druidique, Grim NoirDésir. En sa compagnie, tu fonderas une compagnie qui aura pour but de préserver la mémoire des hommes. Vous errerez de villes en villes, racontant des histoires, déclamant des poésies et réconfortant les petites gens, et vous le ferez jusqu'au Jugement du Monde. Va maintenant." Et c'est ainsi que Poudre partit vers les sinueux chemins de sa destinée, en quête de sagesse et de rédemption.

On ne le revit jamais à la Cour de WindHowl.

Trois ans...Trois années d'errance dans les rangs de la Compagnie du Poisson-Chat que je m'en vais vous conter...Je me nomme Eöle Graverune, fils d'Elebeth Graverune et petit-fils d'Irïn Graverune. Mais de grâce, appelez moi laPoudre, tout simplement...Comme je vous l'ai déjà sûrement apprit, je suis natif de la Haute Noblesse du duché de Windhowl. Certains à la Cour me trouvaient étrange dans mes manières..." Ce garçon est bien mystérieux ", chuchotait-on, " Ses origines sont obscures, il aurait des ancêtres gnomes !" Je ne comprenait pas pourquoi ces emplumés me rejetaient...ma différence faisait de moi un paria...Toujours est-il qu'après mon entrevue avec Titania, belle dame des Ondées, j'ai quitté Windhowl et je me suis mis en route vers le Nord, selon ses instructions...

Errance...Liberté...Une vie de saltimbanque claire et heureuse...

J'ai rejoint les Poissons-Chats. Avec ces compagnons de fortune j'ai découvert le monde et je me suis forgé ma philosophie de tous les jours. J'ai appris à vénérer Brehan, Dieu Courage, qui me permet de porter une lourde armure sur mes frêles épaules ; Syl, Maîtresse des Mystères, qui soutient mon bras au quotidien et me permet d'invoquer les arcanes les plus secrètes ; je chantais des louanges à Sélène, Ombre parmi les ombres, qui règne sous le manteau de la Nuit que j'aime tant. Mais cependant, si il est un dieu que j'admire et que je vénèrerais jusqu'à ce que la Faucheuse m'emporte, c'est bien Iago. Depuis que la Dame m'a guidé vers la Compagnie, le Collectionneur m'a placé sous sa protection : je me suis mit à étudier l'Art des Rimes et des Chansons avec des sylphes des bois pour devenir barde. Alors que Requiem me contait les merveilles de Iago, je m'endormait chaque soir avec la conviction que je mènerais toujours une vie heureuse, faite d'errance et de poésie.

Un jour que je me promenais dans la plaine du Nord, je fit une rencontre toute particulière : alors que je m'affairais à cueillir des baies, un homme se présenta à moi. Ses cheveux blonds et clairs luisaient sous la pâle aurore, et recouvraient un visage dur et ferme. L'homme était vêtu d'une simple tunique et portait un haubert qui semblait dur comme la pierre. Une hache pendait à son ceinturon. Mais si l'homme paraissait impressionnant, il l'était toutefois moins que le loup qui l'accompagnait ! Oui, un loup était là, paisible et majestueux. On ne le distinguait guère, dans le manteau humide de l'aube, car seuls les pupilles perçantes de son œil luisaient d'un jaune éclatant. L'homme s'adressa à moi en ces termes : " Isenfil ne gronde pas à ton approche...cela signifie que tu n'es pas mauvais...je me présente, je suis Fenrir d'Alioth, et je me rends à Lighthaven pour y apprendre les rudiments de l'escrime. Est-ce qu'il te plairait de m'accompagner ?"

Apparemment je répondit oui, puisque depuis ce jour nous arpentons les chemins d'Arakas et de Raven's Dust en suivant la voie qui nous incombe, moi celle des arcanes et lui celle des armes. Pas très fin, très barbare dans sa manière de combattre, c'est indéniable, Fenrir n'en est pas moins un homme raffiné, un mécène qui n'hésitera pas à dépenser des sommes considérables pour quelques vers ou pour un portrait...Un allié précieux de la Compagnie, vous l'aurez compris !

La vie continuait ainsi, de façon lente mais jamais monotone. Nous donnions des représentations dans les plus grandes villes, et ainsi nous avons vu défiler, au fil des ans, un nombre incroyable de ducs, barons ou vicomtes se presser pour nous admirer à l'œuvre sur les planches des théâtres althéens. Vailinda, Agonar, Solweig...dieu, que le temps passe vite...et notre monde qui est désormais éclaté...

Je me suis également attelé à une bien noble tâche, c'est à dire agrandir la Compagnie : les maîtres se sont entourés d'élèves, et c'est ainsi que je fit la connaissance de Dame Jhaela, dont la valeur et le sens artistique ne sauraient être mis en cause...

Maintenant je me consacre à la vie communautaire et à nos chers citoyens : c'est un tache qui nous incombe tous, et j'en ai pris conscience le soir béni où, avec 5 gardiens, nous avons réussi à invoquer Camber, permettant son retour parmi nous...Fraîchement nommé prêtre de Iago et garde royal par Fenrir, j'essaye chaque jour d'apporter la justice dans un monde dominé par des croyances superstitieuses...Mais je sais qu'un jour cela cessera, car le cri de la liberté rugit en moi comme l'eau dans un torrent...