Frère Artik![]() Abandonné à ma naissance, les prêtres d'Artherk me trouvèrent sur les marches du temple, me recueillirent et m'élevèrent. Comme je me mis très longtemps à parler, ils me nommèrent Artik en faisant référence à la froideur d’une contrée lointaine.En dehors du fait que je n’avais pas d’amis de mon age, mon enfance se passa sans problème au milieu des prêtres et j’appris très tôt ce qu’apprennent tous les prêtres guerriers : le silence, la patience, le recueillement, la méditation, la confiance, le pardon, la bonté et bien sur le combat et les sorts de soin et de protection. En fait, seules les sempiternelles prières m ’ennuyaient, mais il n'y avait pas moyen d’y échapper à moins d’être de corvée de quelque chose et encore pas trop souvent. Il n’y eut pas de grand changement pendant mon adolescence, sauf que je devins "Frère Artik" ce qui me rendit très fier, me donna l’impression d’ être plus respectable et diminua fortement la longue liste de mes corvées. C’est vers cette époque que je commençais à poser des questions métaphysiques dont deux, notamment, touchant aux fondements de la religion d'Artherk : "Comment être sur qu'Artherk existe ?" et "Comment peut-on prôner la bonté et le pardon alors que l’on se targue d’être prêtre guerrier et que l’on peut tuer pour des causes soi-disant bonnes ?". Comme je persistais à répéter aux prêtres que leurs réponses à ces questions n'étaient pas satisfaisantes, je fus assez mal vu à la fin de mon adolescence ce qui m'empêcha de devenir prêtre et me força à quitter le temple. Je me mis à parcourir le vaste monde et à découvrir que le temple n'était pas le centre de tout. Je découvris aussi que la religion d'Artherk n'était pas LA religion, mais qu'il en existait beaucoup et que toutes avaient un point commun : "croire de manière exclusive en une entité supérieure douée de la faculté de justifier les actes les plus violents de ses membres et ne pardonnant pas souvent ceux des membres des autres religions". A chaque fois que je croyais trouver une réponse, j'avais vingt nouvelles questions et le désarroi fut mon compagnon pendant quelques années. Cela dura jusqu'au jour où une bonne âme me parla des Rédempteurs qui ne croient pas en un dieu mais en l'homme et qui prônent que seul l'être humain peut racheter les fautes de ses pareils. Cette philosophie, car on ne peut pas parler de religion, me convenait. Elle correspondait à mes principes et a mon vécu. C'est pourquoi maintenant j'essaye d'être Rédempteur.
Je continue à parcourir le vaste monde en solitaire, reste de mon éducation
au temple, pour aider mon prochain et pour trouver la réponse à une dernière
question :
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